28/12/2014

Chacun son mur...

Ceux qui aujourd'hui encore s'étranglent de l'existence du "mur des cons" dans un syndicat de magistrats ne semblent pas avoir eu la même indignation face aux  "murs" facebook officieux de membres des forces de l'ordre.
Pourtant les débordements étaient tout aussi graves, et tout aussi inquiétants, si ce n'est plus.
Cette asymétrie n'est sans doute pas anodine.

L'intuition nous laisse imaginer un clivage sociétal entre ceux qui dénoncent le manque d'impartialité de la justice, et qui dénoncent le manque d'impartialité de la police. Entre ceux qui ont peur des juges, et ceux qui ont peur des policiers. Entre ceux à que l'on suspecte de délinquance en col blanc, et et ceux de délinquance à capuche.

Aujourd'hui, si la polémique s'amorce autour de l'affaire de Joué lès Tours, c'est que le terrain est fécond pour qu'elle germe.

On mesure chaque jour combien la confiance est précieuse, en mesurant le coût de la défiance qui règne dans la société française, écartelée par les inégalités matérielles, culturelles et sociales. Une société où deux visions de la justice s'opposent de manière frontale, en se fracassant sur le mur d'en face....

15/12/2014

Attrape-bobos

Noël approche, et comme chaque année, chaque citoyen responsable vit un véritable calvaire quand il doit endosser son habit de père de noël, car il sait qu'en voulant faire le bien d'un enfant, il fera du mal au futur adulte que cet enfant deviendra.
Mais c'est ainsi, tant pis pour la planète, tant pis pour les populations, ça a beau être une goutte d'eau dans l'océan, impossible d'en détourner le cours. Trop dur de lutter contre le courant. Rien ne résiste à la pression de conformité.
Bref, on ne veut pas que nos enfants soient privés de cadeau à Noël pour le seul motif d'avoir des parents bobos.
Alors on s'écrase.
Noël approche et il va nous falloir pactiser avec le diable.
Alors la liste de Noël dans les mains, on va se résigner à s'approvisionner au mieux.


Chez JoueClub on va se dire : tiens cool, le retour en grâce des jouets en bois, sans pile !
On va se jeter dessus avec un soulagement qui n'est pas sans rappeler la joie du végétarien au moment où Buffalo Grill lui apporte une salade de bienvenue.
On cajolera sa conscience devant toutes les belles intentions affichées sur l'emballage : des produits "nobles en bois, sélectionnés par nos experts"...




Après une deuxième lecture plus attentive, on va un peu déchanter en constatant que ceux que JouéClub appelle "experts" sont des gens qui s'assurent qu'ils vendent des jouets tout ce qu'il y a de plus normaux: des jouets avec lesquels l'enfant pourra jouer et grandir. Incroyable !



Enfin on sera beaucoup plus apaisé en constatant que ouf, on reste dans un schéma tout à fait classique : jouet fabriqué en Chine, on ne sait pas trop par qui ni comment.
Une valeur sûre donc.



Voilà, ça a bien marché, l'attrape-bobos a parfaitement fonctionné. Un peu de wood-washing, et hop, on a mordu au green-phishing.

Un grand merci donc à JoueClub pour l'innovation dont ils font preuve, avec leur concept de "proximité" (oui, la proximité ça veut dire que le magasin est situé en centre-ville, et que les usines sont de moins en moins en Chine pour pouvoir commander tout au dernier moment).
Un beau progrès de civilisation assurément.

En bonus, un extrait de l'interview de Alain Bourgeois-Muller, PDG de JouéClub publiée sur http://www.observatoiredelafranchise.fr/


Vous importez vos jouets du monde entier, mais vous privilégiez les articles européens. Pour quelles raisons ?

Nous avons en effet choisi cette année de mettre l’accent sur les produits fabriqués en France dont une sélection figurera sur la quatrième de couverture de notre catalogue. Se fournir auprès de groupes européens  nous permet d’être bien plus réactifs dans notre réassort, par rapport aux jouets importés d’Asie, et cela est primordial quand on sait que l’an dernier, les clients ont attendu la dernière quinzaine avant les fêtes pour faire leurs courses de Noël. (source)

25/11/2014

Le privilège de l'irresponsabilité

Sur Babordages j'ai apprécié la finesse de ce billet : il met en lumière les petites distorsions sémantiques qu'on ne remarque même plus, mais qui provoquent de drôles de déformations dans notre représentation du monde. 
Le cas étudié est celui de "la bourse", qu'on finit par assimiler à un être vivant pourvu de raison.
Sans chercher trop longtemps, on pourrait étendre cette étude à d'autres cas tout aussi parlants.
Le procédé de personnification se retrouve ailleurs: le marché, l'opinion, l'Europe... autant de créatures imaginaires qu'on fait vivre pour notre petit confort intellectuel, comme d'autres en leur temps s'étaient construit une mythologie pittoresque.

Ces concepts ont un point commun : ce sont des "systèmes" et on leur attribue des comportements propres, indépendants des individus qui les constituent.
Ces comportements, présumés rationnels, prévisibles, guidés par l'appât du gain et la recherche de l'intérêt individuel, auraient pour effet de rendre l'ensemble également prédictible et rationnel.
A partir de là, on pourrait s'appuyer dessus, se laisser porter, sans réfléchir.
L'intérêt général se désignerait de lui-même.

C'est alléchant. Cette hypothèse a la particularité d'être très déresponsabilisante pour les individus. Quel que soit leur potentiel et leur pouvoir économique. D'où son succès sans doute.
Contentez-vous d'essayer de vous enrichir, la main invisible du marché s'occupe du reste, nous disait Friedman, avant d'être repris en choeur par tous les économistes libéraux, puis par tous les affairistes tout heureux d'être allégés d'une lourde responsabilité sociétale.

Ils ont du mal à le reconnaître, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Les inégalités se creusent et ce serait une bonne chose. Le ruissellement vers le bas n'est pas au rendez-vous, il semble même inversé: ce serait parce qu'on ne serait encore pas allé assez loin dans la libéralisation...
Seuls quelques dirigeants marginaux osent rapprocher les mots entreprises et responsabilités. La "RSE" germe dans certaines entreprises, sans qu'on sache si ça les fera muter ou si cela ne constituera qu'un léger ravalement de façade. Pour le reste, on s'agrippe encore à notre irresponsabilité.

L'irresponsabilité des puissants, c'est la base de leurs privilèges. Ces privilèges qui se perpétuent dans la démocratie de marché, et qui expliquent le piètre état du monde aujourd'hui.

Je m'explique : dans toute organisation mâture, pouvoir et responsabilité doivent aller de pair.
Faire porter à quelqu'un une responsabilité sans lui confier le pouvoir de l'assumer, c'est le condamner à la culpabilité car il ne peut aller qu'à l'échec.
Confier à d'autres le pouvoir sans leur imposer de responsabilité, c'est leur accorder un privilège destructeur. Le privilège de pouvoir jouir d'une liberté supérieure, de bénéficier de droits exceptionnels sans contrepartie, des droits sans devoirs. Le privilège de pouvoir plus que quiconque façonner le monde, sans avoir l'obligation de réparer les dégâts qu'ils peuvent causer à leur environnement.

La démocratie de marché, c'est cela. La responsabilité incombe au peuple, tandis que le pouvoir (financier, économique, politique) est détenu par une minorité qui n'est responsable que de sa survie et du maintien de sa suprématie économique. L'élite dispose du privilège du pouvoir à responsabilité très limitée, le peuple est paralysé par la culpabilité de l'état du monde, consécutive à sa responsabilité à pouvoir très limité.

Bien sûr je ne parle même pas du pouvoir "politique", celui de nos fameux "représentants élus", qui semblent plutôt être là désormais pour animer et faire diversion, pour donner un coup de pouce au maintien de l'édifice.
En nous expliquant que "la bourse", "l'Europe", "les marchés", "l'opinion", etc, etc..
C'est ainsi que l'édifice tient depuis des décennies.

Mais se fissure.

La question de la responsabilité est pour moi l'enjeu majeur du monde de demain.
Que la révolution se fasse dans les entreprises, dans le fonctionnement économique du monde, ou bien dans ses institutions gouvernementales, au travers de mouvements politiques, peu importe. L'important est qu'on y arrive. Faire évoluer les organisations sociales qui permettent l'implication individuelle tout en permettant d'assumer correctement leur responsabilité collective est à la fois une nécessité vitale, et une avancée sociale prometteuse.

09/11/2014

Sarko les a (à nouveau) tuer

Donc voilà.
En deux semaines un premier bouquin qui sort révèle les insultes de Sarkozy envers à peu près tout le monde autour de lui.
Un second met en lumière les dessous des affaires impliquant Sarkozy.

Sarkozy est un brillant avocat. Il sait mieux que quiconque que celui qui accuse se met souvent en faute, et il n'a pas d'égal pour trouver la faille et déstabiliser quiconque vient lui chercher des poux.
Comme prévu donc, ce soir les plus affaiblis sont les adversaires de Sarkozy.

Les phénomènes médiatiques sont décidément passionnants.
Et la clique de l'ancien président les manipule à merveille.
Ils ont trouvé une brèche, et à grand coup de bruit et de poussières, on réussi à déclencher la contre-offensive.

Bien sûr Hollande et Fillon sont obsédés par Sarkozy et feront tout pour qu'il tombe. Ce n'est pas un scoop. Qui peut en être surpris aujourd'hui?
Demander l'intervention rapide de la justice par voie officieuse est certes répréhensible. Mais où est le "scandale d'Etat"? Y a-t-il corruption? Il semble pour le moment que non.
La gravité des faits reste relative, surtout si on met en perspective tout ce qui est reproché à Sarkozy.
Oui mais voilà, une trahison, c'est toujours une pépite dans le scénario du grand spectacle politicien.
Ça vaut bien un 20h à TF1.. Le repas de Fillon et de Jouyet a un plus grand retentissement que les tractations de Sarkozy avec le juge Azibert, alors qu'en terme de risque de corruption, on était un cran au dessus.
Mais c'est de bonne guerre, le bal de dupes a démarré... A coup de "je ne veux pas croire que" par ci, "je ne peux pas le croire" par là, on feint de s'émouvoir... La basse cour lance ses cris d'orfraie... C'est d'autant plus risible qu'on sait tous que "cabinet-noir" contre "officine", tout le monde s'espionne, l'Etat est devenu une véritable taupinière où tout le monde sait tout sur tout le monde en temps réel... Mais il faut manipuler l'opinion..

Encore une fois, avec les médias audiovisuels, l'immédiat l'emporte sur l'analyse, l'émotion supplante la raison. L'opinion, avec sa mémoire de poisson rouge, devrait réhabiliter (temporairement) Nicolas Sarkozy.

Regardons le fond de l'affaire. Je n'ai pas une grande sympathie ni pour Fillon ni pour Hollande.
Mais quand on  connait le passif de Nicolas Sarkozy, et toutes les ardoises qu'il a laissées aux militants UMP, en ces temps où les sondages, même en berne, nous annoncent qu'il va forcément revenir au premier plan, je m'étonne que Fillon soit le seul militant UMP à alerter les autorités pour éviter que le président sortant ne récidive... Même si évidemment, un citoyen normal et honnête aurait choisi un autre lieu et une autre rencontre pour le faire...






30/10/2014

Laisser la rivière faire son lit...

Et donc le ministère offre une récompense pour avoir inventé un truc qui existait avant nous et que que la civilisation a fini par nous faire oublier : un cours d'eau est le plus à même de faire son lit !

Donc quand il pleut beaucoup, au lieu d'essayer de contenir la rivière, on la laisse déborder sur cet espace. En tout, 50 hectares ont été aménagés. La zone est devenue un refuge pour les oiseaux, les grenouilles, et les brochets.

(..)

Ces travaux ont été financés par les contribuables, mais ils n'ont plus à subir les dégâts des inondations. Ce projet a reçu du ministère du Développement durable le prix du génie écologique. Les résultats sont là : en juillet dernier, à Merville, il est tombé 100 mm en une heure et pour la première fois depuis des années, personne n'a été inondé.

A lire ici


23/10/2014

Un de nos actionnaires veut nous voir en faillite

Du coup il est prêt à brader ses investissements dans l'entreprise France pour aller chercher de meilleurs rendements en Grèce.
Oui le peuple français ne se saigne pas assez pour lui. David Einhorn, puissant patron du hedge fund américain Greenlight Capital,  préfère retourner chercher ses dividendes chez nos pauvres voisins grecs qui ont eux été mis au pas. 

Il n'apprécie pas le budget de Bercy.
Pourtant je ne comprends pas ce qu'il nous reproche.
Si l'on regarde bien ce fameux budget prévisionnel 2015, on peut dire que le déficit de 87 milliards d'euros est dû
- pour une petite moitié à la prime accordée à nos patrons pour qu'ils fassent preuve de "responsabilité" (41 milliards par an?)
- et pour l'autre moitié (45 milliards?) à la nécessité de verser des rentes à messieurs Einhorn et consorts.

Quand on sait que Mr Einhorn et consorts achètent nos obligations pour financer les retraites de nos amis américains, je le trouve bien ingrat de cracher ainsi sur notre beau pays. Que je sache, les contribuables américains ne financent pas les cotisations de nos retraités français, si?

45 milliards.. ça reste raisonnable, merci la déflation ! C'est quand même toute la recette de l'impôt sur les sociétés qui sert à assurer les rentes de nos créanciers. Il est curieux que les patrons français, si prompts à se plaindre de l'oppression due à l'abominable taux de prélèvements obligatoires, ne s'offusquent pas de cette réalité...

Enfin quand on sait que chaque année nos 40 entreprises du CAC 40 offrent également déjà environ 40 milliards d'euros de dividendes à la "finance", les travailleurs français sont bien gentils de ne pas réagir quand on leur martèle qu'ils coûtent trop cher et qu'ils vivent au dessus de leurs moyens...
Sans doute est-on préoccupé nous-même à blâmer le chômeur sur cinq qui n'a pas le courage de passer ses journées à faire comme les quatre autres, à savoir chercher du travail qui n'existe pas.

Bref, le capitalisme fait de nous des êtres bizarres. L'argent ne nous comble pas. Il nous faut aussi du sang et des larmes... Ou comme dirait l'autre, l'économie? C'est idéologique, idiot !

Pour le financier, la dette française n'est pas considérée à sa juste valeur par les marchés, tandis que la dette grecque présenterait moins de risques que ne le laissent penser ses taux. "Tout le monde s'inquiète pour la Grèce. On ferait mieux de s'inquiéter pour la France. Le rendement des obligations françaises, tel qu'on le connaît aujourd'hui, ne devrait pas exister", a déclaré le financier.
David Einhorn a ainsi conseillé à ses auditeurs de vendre la dette française à découvert pour acheter les obligations des banques grecques. (...)

La France "trop fière pour se réformer"

L'Américain a par ailleurs indiqué qu'Athènes "a bu la potion amère, elle a restructuré ses obligations et son économie" et "cessé de vivre au-dessus de ses moyens", tandis que Paris "semble trop fière pour se réformer". Le financier, qui figurait cette année dans la prestigieuse liste dressée par le magazine Time des cent personnalités les plus influentes de la planète, a notamment dénoncé les 35 heures, un salaire minimum élevé, la taxe à 75 % et surtout les tensions entre Paris et la Commission européenne liées au budget annoncé par Bercy.
Article d'origine sur Le Point : Une star de Wall Street mise contre la France

20/10/2014

Petite rétrospective à rappeler à tout sympathisant UMP qui se respecte...

Puisque dans l'état actuel des institutions, c'est à eux que va sans doute revenir le soin de désigner notre prochain monarque présidentiel, voici une petite rétrospective à rappeler à tout sympathisant UMP trop jeune à l'époque, et à leurs aînés en proie à d'éventuelles amnésies.
(petite précision : ce texte s'appuie sur des informations disponibles de la presse mainstream, garanti sans adjonction de lien vers Mediapart ou Le Monde !)
Sarkozy, maire de Neuilly/Seine, a "grandi" sous les années Mitterrand, dans le sillon de Jacques Chirac, et de Charles Pasqua, entre Paris et les Hauts de Seine. 
En 1995, Nicolas Sarkozy, ministre du budget, choisit de soutenir son premier ministre Edouard Balladur, rival de Chirac à l'élection présidentielle. Nicolas Sarkozy, avec François Léotard, alors ministre de la défense, en charge de contrats de ventes d'arme et de matériels militaires à l'étranger, constatent à cette occasion combien il est difficile de financer une campagne électorale, de surcroît sans l'appui d'un grand parti politique. 
L'équipe Balladur rassemble néanmoins une somme équivalent à plus d'un million d'euros en liquide (des francs à l'époque) grâce à la vente de tee-shirts et de casquettes sur les plages (sans doute fabriquées main par des militants car la presse n'en a pas publié la moindre facture d'achat). Sarkozy aura tout loisir à cette occasion d'apprécier la grande mansuétude  dont fait preuve le conseil constitutionnel, présidé par le mitterrandien Roland Dumas

De 2002 à 2004, dès le début du second mandat de Jacques Chirac, Sarkozy est nommé ministre de l’intérieur .
Durant cette même période, Nicolas Sarkozy semble déjà en campagne : toute son action gouvernementale est médiatisée du matin au soir. 
Le 20 novembre 2003, le ministre de l'intérieur ne cache plus ses ambitions présidentielles à la télévision.
L'UMP voit apparaitre en son sein deux écuries rivales : le camps chiraquien et le camp sarkozyste qui veut prendre le contrôle du parti.

Durant cette même période, son chef de cabinet, Claude Guéant est soupçonné de percevoir illégalement 10 000 euros par mois en liquide via des fonds en théorie réservés à des opérations policières. Une instruction judiciaire est encore en cours à ce jour.
Le 13 janvier 2004 : Nicolas Sarkozy invite une centaine de députés UMP à diner dans son ministère. J'ignore le coût et l'origine du financement de ces festivités.

A l'automne Alain Juppé doit démissionner de la tête de l'UMP suite aux poursuites judiciaires dont il est l'objet pour les affaires du RPR (ancien nom de l'UMP).
Le 28 novembre 2004 : Sarkozy ravit l’UMP au camp chiraquien et poursuit son irréversible ascension.
Plus rien ne l'arrêtera jusqu'en 2007.
La rupture et la "république exemplaire" sont les thèmes de sa campagne.
Il gouvernera, entouré des Kadhafi, Tapie, Takkiedine, Woerth, Gaubert, Bazire, Balkany, De Maistre, Séguéla.
Courroye et Azibert.
Copé, Bygmalion.

Ma question est la suivante. Comment vous est-il possible de soutenir ce candidat? Quels sont vos arguments?

Qu'on ne me parle pas de présomption d'innocence. Je vous parle d'exigence de responsabilité.
Accordons-lui le bénéfice du doute si vous voulez, considérons que Sarkozy est maudit d'avoir dans son entourage autant de gens controversés. Là n'est pas le problème. Restons juste sur le domaine de la compétence. 
Comment peut-on accorder sa confiance à quelqu'un qui, juriste de profession, ex-ministre de l'intérieur (chef des RG), ex-ministre des finances (chef du fisc) et stratège politique hors-pair, prétend ne pas savoir comment a été financé sa propre campagne ? 
Comment peut-on accorder à ce personnage la plus grosse responsabilité qui puisse être confiée à un citoyen du pays? 
Comment peut-on continuer à incriminer les juges et salir autant l'institution judiciaire du pays au lieu d'assumer cette inexcusable légèreté, ces négligences coupables, pour ne pas parler de ces fréquentations suspectes et de ces coïncidences inquiétantes?
Jusqu'où allons-nous nous débattre dans la mauvaise foi, et nous ébattre dans l'irresponsabilité?

Comme le dopage dans le sport, le financement occulte de la vie politique fausse le jeu démocratique et l'ambiance sociale du pays. Cela fout par terre un pays qui n'en avait déjà pas besoin. Que cela soit dans les relations économiques ou sociales, toute organisation qui ne sait pas faire vivre un climat de confiance ne peut être performante. C'est toute la société française qui pâtit de la corruption. Le coût va bien au delà du renflouement de l'UMP par les militants et les contribuables.

Quelle piètre vision faut-il avoir de soi-même et de ses concitoyens pour considérer qu'un pays entier ait besoin d'un "champion", d'un sauveur aussi talentueux et charismatique soit-il...
En revanche, le destin d'un pays peut effectivement dépendre de la malhonnêteté d'un seul individu. Le sort de millions de gens peut pâtir de la place accordée (ou non) à la déontologie par le pouvoir politique et médiatique qui forge les normes et la culture d'un pays..

Il y a plein d'autres talents à promouvoir, à l'UMP ou ailleurs, qui pourraient ramener le débat politique à l'essentiel, loin du parasitage des affaires. Nicolas Sarkozy n'a pas su le faire, il a laissé passer sa chance. Au nom de quoi faudrait-il lui accorder ce qu'il a toujours refusé à ceux qui échouaient, A savoir une seconde chance?
Et au delà du personnage, c'est tout un système à repenser.. Quand nous déciderons-nous enfin à tourner la page?


Sarkozy et Armstrong : deux champions qui ont marqué leur époque






Sarkozy et Berlusconi