15/04/2012

Rupture et dérupture. Sarkozysme et anti-sarkozysme sont sur un bateau...

Pantani politique

Si, si, le Sarkozysme, ça a existé.

Oui c'était du vent, mais le vent, ça fait des dégâts bien réels.

Le Sarkozysme,  ça pourrait être à la Vème République ce que Armstrong a été au Tour de France. Redoutable, invincible, dominateur, mais dénigré, car objet de toutes les suspicions.

Et peut être ça ne sera même que Pantani. Auteur de l'ascension la plus éblouissante de l'histoire, la plus grosse performance de grimpeur, mais factice. L'exploit qui fait pschiittt. Et l'amertume, la honte, pour ceux qui y ont cru jusqu'au bout, qui se sont extasié à tort.

Certes Sarkozy reste présumé innocent de toutes les affaires qui le cernent. Mais peu importe qu'il demeure à jamais le virtuose du "Pas vu, pas pris", peu importe que Van Ruymbecke finisse sa carrière bredouille, le verdict de l'histoire sera lui, implacable.

Celui d'une énorme illusion. Remarquable par sa durée. 5 ans, ce n'est pas rien. Plus si l'on compte le festival médiatique depuis que Sarkozy a accédé au ministère de l'intérieur.

Des années où les masses n'y ont vu que du feu.

L'opinion, cette "chose" vulnérable qui fait la pluie et le beau temps (à la guise des gouvernants)

Cinq années surtout accablantes pour l'opinion, en fait.

Oui je sais, l'opinion ça n'existe pas. C'est une vue de l'esprit. Mais tant pis, laissons nous aller à cette approximation journalistique si fréquente qui consiste à dire que l'opinion pense, veut et ne veut pas, ou même décide...

L'opinion donc s'est faite mener par le bout du nez par un orateur hors-pair, un vendeur d'aspirateurs hors du commun. Un brasseur d'air fournisseur d'émotions, un dramaturge du fait divers, tous les soirs à 20h à domicile, sur votre canapé, dans votre bocal. C'est gratuit.

L'opinion, sous influence, y a cru à cette idée séduisante, qu'il suffisait d'agir, au lieu de réfléchir. Elle y a cru à l'idée qu'il fallait faire une rupture avec l'héritage républicain. Qu'il ne fallait plus s'embarrasser de principes moraux, éthiques, politiquement corrects. Elle lui a fait confiance à l'homme providentiel qui va tout résoudre en ne changeant rien. Qui va choper les coupables de tous les maux et réhabiliter la France qui se lève tôt. Elle a cru qu'il suffisait de travailler plus pour que tout rentre dans l'ordre. 

"Foutez-vous un bon coup de pied au cul et tout ira mieux", nous disait-il. Voilà, on se l'est mis ce coup de pied au cul, pendant que lui s'amusait bien de son côté. Et on n'est pas plus avancé.

Quinquennat de rattrapage ou de cicatrisation?

Pour moi, militant lambda de la génération "Attac" laminée par le 21 avril 2002, le purgatoire est décidément très long. On a pris 10 ans dans la vue et on doit assister impuissants à ce qu'on signalait à la fin des années 90: dictature absurde et morbides des marchés financiers, mondialisation prédatrice et aveuglante, planète en perdition. 

Aujourd'hui je devrais m'engager à fond entre Eva Joly et Mélenchon. Pourtant je continue à rester mesuré, patient. Résigné derrière Hollande. Pourquoi donc?

L'opinion a cédé à la facilité en 1997, elle reste convalescente. Pas encore assez libérée de l'emprise de Sarkozy à mon goût. Elle hésite même encore à lui consentir un charitable quinquennat de rattrapage lorsqu'il revient jouer la repentance sincère à la télévision. Mendier une seconde chance, un sursis, un rattrapage.... Un comble pour celui qui a pavané pendant des années en promulguant la culture du résultat, et en se montrant impitoyable envers ceux qui échouent. Il y a de quoi tousser. Mais l'opinion s'en offusque à peine.

Opinon déboussolée

Ou bien, si comme le préssent Mélenchon, le vent se met soudainement à tourner en faveur de la gauche, et que celle ci sort majoritaire du scrutin alors que cela fait 10 ans qu'elle est minoritaire y compris dans les débats de société, j'aurais eu tort et ce sera tant mieux. Mais ce changement de vent soudain ne constituera qu'un symptome d'une versatilité de l'opinion plus forte que je pouvais le penser. Si l'opinion suit le vent qui tourne au jour le jour, ce n'est pas spécialement une bonne nouvelle pour la gauche, car cela ne peut traduire qu'une adhésion fragile.

Bref, je crois que l'opinion ne peut pas être trop secouée pour engager la "dérupture", car l'opinion revient de loin. Oui on est revenu à la case départ. Comme prévu on a perdu 5 ans, si ce n'est plus. On a beau s'impatienter, un balancier ne peut revenir de la droite vers la gauche sans devoir passer par le centre. Hollande donc. Parfait cataplasme pour recoller les morceaux. Ca aurait pu (dû même) être Bayrou, mais la machine à élections du PS fonctionne encore.

Antisarkozysme canal historique vs antisarkozysme d'alternance

Oui, en misant le premier sur l'honnêteté, l'intégrité, la sincèrité, l'humilité, et la lucidité, Bayrou était l'antisarkozyste historique. Mais il s'est fait piquer la place. Hollande est un opportuniste perspicace, grand spécialiste de l'alternance, qui a bien compris qu'un président sortant ne peut être réélu que s'il représente l'opposant au premier ministre en place. Et Sarkozy lui n'a pas compris qu'en ayant vampirisé son  premier ministre, il se sacrifiait lui même. Rien à vopir avec Chirace et Mitterand. Quoi de plus drôle que d'entendre aujourd'hui les membres de la majorité affirmer sans rire que le "vrai changement", c'est Sarkozy ! Bref Hollande a compris depuis le début que Sarkozy s'est accablé tout seul d'un handicap fatal, et que les français étaient prêts à lui préférer n'importe quel adversaire en face, pourvu qu'il soit son antithèse. Hollande est donc devenu antisarkozyste de circonstance, d'alternance pourrait-on dire. Bien aidé depuis le début par les évenements et d'autres protagonistes (DSK, Eva Joly qui se sabordent, Mélanchon qui fait campagne pour lui...), tout semble bien rouler pour lui à la veille du scrutin.

Une campagne non décisive

Pourtant "Flanby" nous inquiète et nous inquiètera jusqu'au bout. Peut-on reprocher à François Hollande de mener la campagne qu'il fait? Je l'ai souvent fait c'est sûr. Mais en même temps, peut-on lui reprocher de jouer sur le contrepied permanent et systématique? Sans autre portée que l'opposition parfaitement symétrique? Quand pourra-t-on juger de la pertinence de cette stratégie?

Le contrepied est absolu, jusque dans la façon d'envisager la campagne. Sarkozy avait fait une bonne campagne et a enchainé un mauvais quinquennat. Hollande fait une mauvaise campagne, non décisive, sans doute dans l'espoir un brin superstitieux que cela lui fasse faire un bon quinquennat. Et plagiant une dernière fois Bayrou dans l'idée que celui qui ne promet rien ne peut pas décevoir. Comment distinguer l'honnêteté du manque d'ambition? Il suffirait peut être d'assumer plus clairement ses convictions. Mais pour ça je crois qu'on peut aller se brosser...

Trempage, essorage ou repassage....

Entre un candidat qui ne veut pas se mouiller et un autre mouillé dans trop de choses, même si cela semble peu probable, l'issue peut encore basculer.

Du coup, je touche encore du bois. Parce que vu tout ce qu'on a avalé sans sourciller ces dernières années, tous ces évenements irrationnels sortis du chapeau depuis 2002 (21 avril inclus), il ne faut pas exclure un quinquennat de rattrapage qui nous sortirait, comme ça,  le 12 mai, d'un chapeau ou d'un dessous de table.. à repasser...

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