23/03/2012

Gravité

C'était pile ou face. Anders Behring Breivik ou Khaled Kelkal. 

Ce fut Khaled Kelkal. Plus exactement Mohamed Merah.

Bayrou a perdu, Guéant a gagné.

Nouveau coup de pouce d'Al Quaeda

Qui a réélu George W. Bush. Coulé Aznar.

Et Sarkozy? Ce qui est sûr, c'est que cela ne peut pas lui nuire (1).

Tout dépendra de savoir quand le soufflet va retomber. Quelle est la durée de vie d'un tel débordement émotionnel médiatique? Cette "séquence" taillée sur mesure lui suffira-t-il pour faire oublier tout le reste?

Peu importe. Au delà du drame, ce qui est à pleurer, toutes proportions gardées, c'est que le bilan humain ne se limitera pas à ces 7 pauvres victimes. Parce que ces évènements vont être récupérés par les cultivateurs de haine et d'amalgame pour alimenter les discours et les politiques les plus nauséabondes les prochaines années, et prédire, non sans une certaine indécente excitation auto-réalisatrice, les tragédies de demain... Les extrêmistes enragés ne sont pas prêts d'arrêter de nous pourrir la vie.

Le mal est fait. Le péril extérieur dort à l'intérieur. Le ver est dans le fruit. Le loup est dans la bergerie. Il est probable que le troupeau tétanisé se remette à suivre le berger peu prévenant dont il s'était progressivement détourné. Le suffrage universel pour choisir un personnage, c'est un concours de beauté pour moutons de Panurge. Il y a donc de fortes chance pour que l'on reconduise celui qui nous conduit ici (jusqu'ici), et celui ci a de fortes chances pour continuer à organiser le monde autour de ce qui renforce son statut de berger.

Je m'étais fait la même réflexion le 11 septembre 2001. Tout se vérifie. 

Conflit Israelo-palestinien. Irak. Radicalisation, extrêmisme, Afghanistan, guerre. Islamophobie, antisémitisme. Choc des civilisations minutieusment entretenu. Antiterrorisme. Répression. Le coupable enrôlé en prison. Comme prévu.

Pendant ces dix dernières années, si Mohamed Merah n'était pas passé par la case prison, il ne serait sans doute pas allé en Afghanistan. Commes d'autres.

Mais ici on préfère continuer à construire des prisons. C'est un choix.

L'humain se laisse plus facilement tirer vers le bas que vers le haut.

C'est surtout ça, la gravité.

J'en suis conscient, mais j'ai toujours du mal à l'accepter.

Et hop, 10 années de perdues, aucune de retrouvée.

 

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(1) Lire ici . A l’étranger, des crises de ce type ont pu avoir un impact très fort sur les élections : la popularité de Georges W. Bush a été dopée (+30 points) après attentats du 11-Septembre, l’élection et la réelection d’Ariel Sharon en Israël sont dues en grande partie à la psychose sécuritaire israëlienne causée par les attentats quotidiens, Vladimir Poutine était pratiquement inconnu des Russes avant son élection, il s’est fait connaître quelques semaines avant le vote en expliquant qu’il irait “buter les terroristes tchétchènes jusque dans les chiottes”. A chaque fois, cela a profité à celui qui incarnait l’autorité, aujourd’hui ce serait Nicolas Sarkozy.

 

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